On les appelle des manipulateurs en éclectroradiologie médicale (MERM), ou plus familièrement « manip radio ». Ils sont douze à assurer le fonctionnement des radios, scanners et IRM à l’hôpital de Vierzon. Pour la première fois, ils ont décidé de se mettre en grève toute la journée du mercredi 6 novembre. Ils ne sont pas syndiqués mais soutenus par la CGT de l’établissement. La grève est suivie à 100% mais trois agents sont assignés pour les urgences.
Les agents suivent un mouvement de grève national qui demande une meilleure reconnaissance de leur travail. « Tout le monde a besoin de nous, mais personne ne nous connaît, résume Pierre Macsay, manip radio. Nous sommes les seuls à savoir faire fonctionner les machines. »
Au niveau local, les agents dénoncent un manque de personnel à l’hôpital : « Nous sommes en permanence en sous-effectifs depuis l’ouverture de l’IRM, déplore Pierre Macsay. Nous pouvons travailler avec trois week-ends d’affilée, des séries de six jours d’affilée… Je viens de sortir de 48 heures de garde. Les douze manip radio ont fait 1.390 heures supplémentaires depuis début 2019 et l’année n’est pas finie. Ces heures ne sont pas payées et difficilement récupérables. »
« On a un salaire de base inférieur aux autres bac+3 de l’hôpital »
Les agents demandent également une meilleure rémunération. Ils ne touchent ni la prime Buzyn (100 euros par mois) pour les urgences, ni la prime Veil (100 euros par mois également) destinée au personnel soignant. Le salaire des manip radio démarre à 1.800 euros bruts par mois et atteint 1.860 euros bruts au bout de cinq ans. « On a un salaire de base inférieur aux autres bac+3 de l’hôpital, souligne Pierre Macsay. On ne se soucie pas de nous. Nous sommes en contact avec le sang, le vomi, les matières fécales. On fait des prises de sang, on perfuse les patients… Dans notre première année de formation, nous devons développer nos compétences de soignants. »
Justement, les douze agents dénoncent un manque de formation. « Nous avons eu seulement une formation obligatoire. Depuis l’ouverture de l’IRM, les autres formations sont attribuées à l’IRM car c’est la vitrine de l’hôpital », poursuit-il.
Pour montrer leur mécontentement, les manip radio ont pris une décision radicale, qui n’impactera pas les patients : « Depuis mardi matin, nous avons cessé toute activité de facturation, précise Pierre Macsay. Dans les textes réglementaires, on n’est pas tenu à la facturation. C’est un moyen de pression qui se fait partout en France. La perte financière est colossale. Mais pour nous, avec une journée de grève, la perte est importante. Et cela n’aura pas d’influence sur le patient. »
« On est typiquement dans le cas d’un mouvement de grève national, comme celui qui s’est produit sur les urgences, et le personnel exerce son droit de grève, déclarent Karim Amri et Frédéric Mazurier, administrateurs provisoires de l’hôpital. Il n’y a jamais eu de remontée de leur part. Nous ne ferons pas de commentaires sur les revendications. » Tous deux soulignent que les manip radio sont aussi bien traités que les autres professionnels de l’hôpital : « Il n’y a pas une catégorie socioprofessionnelle qui soit mieux traitée qu’une autre. La question de la reconnaissance d’un métier fait partie des négociations nationales . » Toutefois, dans une lettre aux agents, la direction des ressources humaines reconnaît qu’il manque 1,7 équivalent temps plein pour l’ensemble de l’unité. Elle admet aussi que les manip radio « exercent un métier de soin qui peut être lourd physiquement et psychologiquement face aux pathologies prises en charge et l’effectif général dans cette profession est nettement plus réduit que les personnels soignants. »
Une prochaine journée de grève est prévue jeudi 14 novembre avec cette fois-ci les autres services de l’hôpital, à l’occasion de la journée nationale de grève dans le monde de la santé.
Benoît Morin